Danny Varanne : « Je considère notre métier comme la première forme de sport extrême »



JUDE : Salut Danny ! Merci d'être avec nous pour parler de ta discipline ! The Infernal Varanne est une team de rider évoluant dans un globe ou sur un mur. Ma première question concerne l'idée initiale, comment en es tu venu à créer le concept du globe ?

DANNY : Le Globe en lui même a été inventé il y a plus de cent ans, au même moment que la moto en fait. Maurice Abbins, un mec visionnaire des deux disciplines – le mur de la mort et le globe, a été le premier à les importer en Europe. Cependant, il n y avait qu’une seule moto dans le globe, et pas de looping. Mon père avait un Mur de la mort, mais ce dernier nous limitait en nombre de spectateurs. Avec mes frères, on a donc pensé à faire du Globe. On en a retrouvé un en Italie, et on a tout apprit, seuls. 

Danny varanne globe

JUDE : C'est une histoire de famille alors ?

DANNY : Et d'amitié ! Mon dernier frère à arrêté en 2000, je suis resté seul avec un matériel vieillissant. Je me suis posé beaucoup de questions, j'ai faillis renoncer, faire un métier comme tout le monde. Et puis un rider Bresilien (Marcio Benelli), est venu faire une tournée en Méditerranée avec moi. On est devenu ami pour la vie, et ça m'a redonné confiance. J’ai commencé à former des pilotes, j'ai investi dans du nouveau matériel. Et voilà, j’ai pu continuer ce métier de passion. Je dois aussi énormément à ma famille, en premier lieu, mon père, Daniel. Il soudait et construisait encore a 69 ans. Maintenant il se repose un peu, mais il continu de répondre au téléphone à 3 heures du matin quand je lui demande, « comment je redémarre le camion après une panne » !!. Ma maman aussi, elle s’occupe des équipements des riders. Ma femme, fait sa part au bureau et dans mon mental. Mon frère, Jesse, a participé à mes plus grandes aventures comme le record du monde, le festival de Monté Carlo, etc. 

JUDE : Et la relève ?

DANNY : Ma fille n’a que 4 ans, il est encore tôt. On verra plus tard. Mais si elle ne reprend pas, je n’aurai rien contre passer le flambeaux à quelqu’un d’autres de ma famille. Il faut juste que se soit la bonne personne. 

JUDE : Oui, et puis savoir sa fille enfermée dans un Globe, c'est effrayant. D'ailleurs, quand on parle du Globe ou du Mur de la mort, on fait référence à l'extrême, au danger. J'ai entendu dire que certains y ont même perdu la vie…

DANNY : Oui, on peut parler de sport extrême, je considère que notre métier est la première forme de sport extreme. Il y a plus de cent ans que nos deux disciplines (Mur et Globe) existent ! Dans l’histoire de la discipline, on compte une vingtaine de décès. Quatre étaient des amis. Les premières années, on est tombé des dizaines de fois avec mes frères, puis avec mon team, très peu, car je gère bien mes riders. Je roule sans les quitter des yeux. Je connais donc leur capacité, et je les replace là où ils seront en sécurité, et surtout, laisserons les autres en sécurité ! Mais même en prenant des précautions, on prend des chutes. Je suis tombé du Mur l’année dernière, car la structure était mal installée. Je m’en veux encore, car mes pilotes aurait pu se faire mal. Je me suis cassé le coude et deux côtes. Le pire était le retour en camion, dans cet
état ! 

Infernal varanne

JUDE : C'est toi qui les forme. Quelle routine d'entraînement suivez-vous au sein de la Team ?

DANNY : La plupart des pilotes sont entrainés depuis l’enfance. Ensuite, il faut rouler régulièrement, et repousser constamment ses limites, sans se poser de questions. Je ne fais pas entrer de nouveau rider, car le training est trop long, mais quand cela arrive, je choisi l'homme d'abord, car le courant doit bien passer. L’entrainement consiste à combattre l'étourdissement. Avec la vitesse, c'est les nausées que le pilote doit gérer. Après, je n’ai pas grand chose à faire. C’est l’homme qui doit comprendre le lieu dans lequel il évolue, et repousser ses limites pour atteindre le niveau de ses confrères. Cela peut prendre beaucoup d’années… 

Globe de la mort varanne

JUDE : Tu fais entrer des spectateurs dans le Globe, mais eux ne sont pas entraînés !

DANNY : Oui, c’est un petit truc qu'on aime faire, et en général on fait entrer les filles ! Nous, on n'a jamais eu aucun problèmes, mais il y a déjà eu des choses dans le passé chez d’autres équipes. Des trucs sérieux… Bref, moi j’ai roulé autour de Jeremy Clarkson (présentateur), Nicole Scherzinger (chanteuse) et d’autres. Au Hapchot Wheels d’Hossegor, Jefferson et moi avons roulé autour de 6 filles ! C'était vraiment très serré, mais c'est passé ! 

JUDE : En effet c'est plus qu'une performance, c'est un show artistique ! Tu partages par ailleurs une grande histoire avec le monde du cirque, n'est ce pas ?

DANNY : Le cirque ou les fêtes foraines oui ! C'est là où j’ai grandi. C’est vraiment « l'école », tu dois rouler tous les jours, deux à trois par jours, en plus des training sessions. Y a pas mieux pour tout apprendre, le ride, la mécanique, les rapports humains, se faire payer,…la vie quoi. Mais je n’emmène plus mes troupes dans les cirques. Nous somme trop demandés à l'extérieur. 

Festival de monte carlo

JUDE : Le succès ! C'est au Japon que le show à vécu son apogée ! Quels souvenirs retiens-tu de tes shows là-bas ?

DANNY : La prèmiere fois que nous avons fait le Fuji Rock Festival (Yuzawa, Japon), nous y étions avec le Globe qui se sépare en deux horizontalement. A la première, il y avait 4000 personnes quand le globe s’est ouvert, laissant deux pilotes dans la partie haute (au dessus de vide), les gens ont hurlé de panique ! Ils se jetaient en arrière, car ils croyaient qu’il y avait un problème. Ensuite nous y avons présenté une première mondiale : un mur de la mort transparent, fait en métal grillagé. Idem, le public a réagi à nos moindres embardées. On y retourne peut être bientôt avec le Mega Globe et 7 riders ! 

Globe de la mort

JUDE : Des moments comme cela, ça doit être votre quotidien à tous, non ?

DANNY : Il n y a pas de trophée, pas de médaille, pas de gloire dans notre métier. Il n y a que des voyages, des émotions et des rencontres. Ca plait à certains, et ceux là seront très bien vus. Je vais te raconter un truc. Lors d'une tournée en Indonésie, notre bus nous amenait sur le spot avec toutes les structures montées, et toute la foule était déjà là, elle nous attendait. Tous ces gosses du bout du monde se collaient au bus pour nous voir, ils nous suivaient jusqu'à nos motos ! Une fois le show fini, c’était la même ! Je vois encore leurs regards émerveillés, tout ça restera gravé dans ma mémoire. C'est ça chez nous… 

Danny Varanne

JUDE: Un dernier mot pour la fin Danny ?

DANNY : Merci, à ma famille, les pilotes et tous ceux qui bossent avec nous en tournée. Et merci a The Rider Post de s’intéresser a toutes les formes d’extremes. You guys rock ! 

JUDE