Noémie Equy : « Cette victoire à Baqueira Beret, c’est un peu irréel… »



Première épreuve sur le Freeride World Tour et première victoire pour la snowboardeuse française qui s’est imposée ce vendredi sur l’étape inaugurale de Baqueira Beret. La rideuse de Val Thorens revient sur ce succès en terres espagnoles, sur son passé de freestyleuse et sur ses ambitions pour la suite de la saison, dont la prochaine épreuve est prévue… à Val Thorens.

2 minutes et 30 secondes pour changer de statut. Et changer une carrière ? L’avenir le dira, mais Noémie Equy a quoi qu’il arrive, écrit la plus belle page de sa carrière ce vendredi au terme d’un run maîtrisé dans des conditions difficiles sur la face de La Bamba à Baqueira Beret. En Espagne, la Française arrivait avec le statut de rookie sur la première étape de la saison 2025 du Freeride World Tour. Forte d’une année 2024 parfaitement menée avec sa première place sur les Qualifiers et Challengers du Freeride World Tour, elle ne faisait pourtant pas office de favorite. Mais celle qui est née à Grenoble il y a 24 ans, a su profiter de son passé de freestyleuse pour réaliser l’unique figure posée par une snowboardeuse sur cette étape (un 360 sur la partie raide du départ) et enchaîner ensuite sur un run propre et fluide, agrémenté de quelques sauts jusqu’à l’aire d’arrivée. Après avoir rejoint le team Arc’teryx il y a quelques jours et également changé de board (elle est passée de Décathlon à K2), Noémie Equy est désormais une rideuse qui compte au plus haut niveau du freeride. Elle revient pour The Rider Post sur cette victoire.

© Freeride World Tour – J. Bernard

Quelques heures après être montée sur le podium de cette étape, réalises-tu la portée de ta victoire ?

Non, je ne suis pas sûr de bien réaliser ce qui me passe. J’avais déjà du mal à me rendre compte que j’étais désormais membre du circuit pro. Alors là, remporter une victoire dès ma première étape, c’est un peu irréel. Quand la dernière rideuse est passée, j’avais encore du mal à y croire.

Les conditions n’étaient pas faciles, mais tu sembles avoir trouvé le juste milieu entre rester sur ta board et réaliser un run solide.

C’était effectivement difficile de donner le meilleur de soi-même avec cette neige gelée. À chaque fois que tu prenais un petit saut, tu emmenais beaucoup de vitesse et il fallait garder le contrôle. Donc il a fallu s’adapter. Hier (jeudi) quand j’avais reconnu la face, je pensais réaliser une ligne sur laquelle je sautais plus de cailloux sur le couloir principal en haut. Mais ce matin, quand j’ai vu le run de Victor De le Rue sur cette partie et qu’il avait tiré tout droit sans prendre de risque, je me suis dit qu’il valait mieux faire pareil. Donc j’ai enlevé quelques sauts et je me suis concentré sur un ride très propre. Finalement, ma ligne était plutôt bonne malgré ces conditions, j’étais contente de moi une fois arrivée en bas.

À ce moment là, tu imagines que ton run peut être un run gagnant ?

Je ne peux pas dire que j’étais certaine que c’était un run qui pouvait jouer la gagne, car je manque encore d’informations sur mes concurrentes. Je débarque seulement sur le Freeride World Tour cette année, je ne connais pas encore bien toutes les filles, donc j’attendais juste de voir jusqu’à quand j’allais rester en tête. Et je le suis restée finalement jusqu’au bout. J’avais déjà gagné le circuit européen en slopestyle en 2021 et j’avais aussi remporté la médaille d’argent aux mondiaux Universitaire de Slopestyle en 2023, mais évidemment, cette victoire sur le Freeride World Tour est la plus grande de ma carrière.

Pourquoi avoir fait évoluer ta carrière en passant du freestyle au freeride ?

Je pense que j’ai toujours su que je voulais faire du freeride un jour. Pas forcément en compétition d’ailleurs, mais la montagne est un environnement qui me plaît, où je me sens bien. Le freestyle était plus une étape. Aujourd’hui, même si je continue à rider parfois dans les snowparks, c’est vraiment le fait d’évoluer dans les montagnes en freeride qui me rend la plus heureuse.

Avoir un solide background en freestyle t’aide-t-il sur ce genre de compétition où les figures comptent dans le jugement ?

C’est difficile à dire car en slopestyle, on ride sur des snowparks qui sont totalement lisses. En freeride, c’est forcément plus aléatoire en fonction des conditions, du type de neige, du dénivelé…

 
 
 
 
 
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Où t’entraînes-tu ?

Je m’entraîne à Val Thorens au sein de la Freeski Belleville, un club de freeride qui est basé dans la Vallée des Belleville. Mais je suis originaire de Grenoble où j’ai commencé le snowboard au club des 7 Laups. Quand j’ai arrêté le freestyle, on m’a conseillé la Freeski Belleville qui a de bons coachs et où l’ambiance est bonne. Je m’y entraîne depuis trois ans et ça fait désormais deux ans que je suis installée à Val Thorens.

Quels sont tes axes de progression dans le freeride ?

Au départ, j’ai eu besoin d’apprendre la lecture des lignes, du terrain. Il faut savoir s’adapter à ce que tu vois depuis le bas, imaginer ce que ce sera en haut. C’est là-dessus que je travaille encore le plus. Et pour progresser, l’aspect compétition est important pour moi. Aujourd’hui, je sens que c’est le levier principal qui me pousse à toujours m’améliorer.

Quels étaient tes objectifs avant de débuter cette saison sur le Freeride World Tour ?

Au fond de moi, je voulais faire un podium cette année. Bon, c’est déjà validé… Aller chercher le titre mondial serait un rêve, mais si ça se fait dans deux ans, ce sera aussi très bien. Déjà, je vais penser à Val Thorens où j’ai encore plus envie de poser un bon run car c’est désormais chez moi.

© Arc'teryx
© Arc’teryx

Tu évolueras à domicile sur une face que tu connaîtras. C’est un avantage ?

J’ai ridé la plupart des faces du domaine donc je ne partirai forcément pas à l’aveugle sur celle qui sera choisie pour la compétition. Mais c’est un avantage qui n’est pas décisif non plus, car on ride ces spots à l’entraînement sans les faire dans leur intégralité de haut en bas comme c’est le cas en compétition. On s’arrête souvent dans la face, on discute, ce ne sont pas les mêmes conditions.

Tu as récemment créé le « Sister’s Camp ». Peux-tu nous en dire plus ?

C’est un camp que j’ai lancé avec des amies cet automne. On rassemble des femmes qui évoluent dans le milieu des sports outdoor comme des freerideuses, des surfeuses (Zoé Grospiron et Naïa Monte) ou des vététistes (Isabeau Courdurier). Non seulement on se retrouve ensemble en présaison pour faire un peu de préparation physique, mais surtout pour créer une sororité dans les milieux de l’outdoor qui reste très masculin. On parle des problèmes que les femmes peuvent rencontre dans nos sports et on se rend compte qu’il y a beaucoup de similitudes entre nos disciplines. On s’entraide et les anciennes transmettent aux jeunes ce qu’elles ont appris. L’objectif est de contribuer à faire évoluer le sport féminin.

© Arc’teryx

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