Vincent Girard | 19 septembre 2025 Tim Bringer : « Quand tu fais des bons résultats et qu’on te propose moins qu’avant… » Inclassable Présent sur le dernier Swatch Nines MTB à Sölden, le champion du monde français de slopestyle revient pour The Rider Post sur une saison forcément inoubliable pour lui. Et le rider tricolore espère bien progresser encore l’année prochaine, malgré le manque de moyens financiers. Tim Bringer peut savourer, son année est forcément réussie, lui qui a remporté le titre mondial de slopestyle en 2025 après avoir terminé deuxième la saison dernière. Le Français de 27 ans était donc en mode détente à Sölden en Autriche à l’occasion du Swatch Nines MTB, événement toujours très apprécié par les riders. Après une petite séance shooting pour l’un des médias présents sur l’événement, c’est à The Rider Post que le rider de La Colle-sur-Loup (Alpes-Maritimes) s’est confié sur sa saison écoulée, sa place de numéro un mondial, ses aspirations pour l’année prochaine et les difficultés à trouver un sponsor vélo malgré son talent indéniable. Sa présence sur le Swatch Nines « C’est l’événement artistique de l’année. On s’amuse, il n’y a pas de stress, pas de compétition. On peut donc faire un riding différent. Rouler avec des skateurs et des mecs en BMX rajoute également à l’originalité de l’événement. C’est vraiment plaisant d’autant que je viens moi-même du BMX. Quand tu les regardes riders, les mecs sont vraiment des machines. Concernant le spot pour le VTT, on a une ligne de slopestyle qui rejoint ce que l’on a sur les Crankworx, mais avec des modules plus originaux encore. Ça permet de faire de belles photos et d’avoir du contenu stylé qui passe bien ensuite auprès du public. © Hannes Mautner / Swatch Nines Son titre mondial en slopestyle cette saison Pour être honnête, je ne pensais pas le décrocher cette année. Je suis super satisfait de me dire que j’ai pu le faire, ça restera dans ma carrière. En Nouvelle-Zélande sur la première étape de l’année en mars, il manquait les têtes d’affiche, c’était presque normal que je gagne. Mais en Australie à Cairns, tout le monde était présent et je gagne à nouveau. Donc ça confirmait que mon niveau était bien là. L’objectif suprême du Red Bull Joyride Le titre mondial est une chose, mais remporter la Red Bull Joyride est aussi un objectif prioritaire pour moi. Ça fait trois fois que je fais deuxième sur cette épreuve… Cette année c’était compliqué car on a loupé deux jours d’entrainement. J’ai fait ce que j’ai pu malgré les conditions. Même si deuxième ça reste un bon résultat (voir son run ci-dessous), j’espère vraiment pouvoir remporter un jour cette épreuve. Voir cette publication sur Instagram Une publication partagée par DrewBich 🪐 (@timbringer) Progresser encore Aujourd’hui, j’ai fait le tour des trucs que je maîtrise. Désormais, les juges et les concurrents savent ce dont je suis capable. Donc oui, il va falloir amener d’autres tricks pour espérer continuer à gagner. Je ne sais pas quand je poserai ces figures que j’ai en stock, mais je veux les bosser. Et pas forcément chercher à faire le plus gros trick, c’est davantage perfectionner le run sur sa globalité. J’ai plein de figures que je vais pouvoir rajouter dans peu de temps mais elles ne sont pas parfaites. Je ne fais plus comme en BMX quand j’apprenais un trick sur l’airbag et que je voulais la poser dans la foulée sur le dur. Là, je prends mon temps. Après, c’est aussi parfois le spot en lui-même qui va décider si oui ou non tu poses un trick sur lequel tu as bossé. Sur la Joyride, j’avais en tête de balancer un triple backflips, mais quand je suis arrivé sur le spot, j’ai vu que la bosse ne le permettait pas. Elle était grosse, mais il n’y avait pas la vitesse qu’il fallait pour envoyer une telle figure. Il ne faut pas être borné sur les compets. Mission: Zero Six : Une vidéo qui a fait parler L’année dernière, j’ai effectivement sorti ma première vraie vidéo en hardtail (Mission: Zero Six à voir ci-dessous). On a fait ce qu’on a pu avec ce qu’on avait comme spot dans le sud où je suis basé, mais ça a bien marché. Si je peux m’entrainer sur des gros airbags sur mon home spot de La Colle sur Loup, il faut bien prendre conscience qu’il y a aussi des step down ou des drops à plats sur les compétitions auxquelles je participe. Donc quand j’arrive sur un event, je dois souvent me lancer direct et tout envoyer sur la terre ferme sans forcément avoir eu l’opportunité de m’entrainer plus longtemps avant sur ce genre de module. Je pourrais peut-être aller m’entrainer chez d’autres riders qui ont des spots plus complets mais je ne sollicite pas forcément car c’est une question de respect pour leur travail. Ils se sont débrouillés pour avoir ça, donc je ne vais pas squatter. Après, si je passe dans le coin, je peux toujours demander, mais je ne vais pas rester non plus une semaine chez le mec. Son rapport à Youtube Avoir une chaîne Youtube et bien l’alimenter, ça prend du temps. Quand tu vois Sam Pilgrim pour qui ça marche bien (2,28 millions d’abonnés), c’est aussi parce qu’il est sur la fin de sa carrière en compétition donc il a plus de temps pour se consacrer à ça car il s’entraîne moins. Et en plus, faut quelqu’un pour filmer tes vidéos et qui sache bien le faire. Et en plus, qui soit assez libre pour pouvoir te suivre régulièrement. Pour moi qui suis pleinement engagé sur les épreuves, c’est dur de pouvoir tout faire. L’entrainement en slopestyle pour rester dans le top 5 mondial demande beaucoup de temps et d’investissement. Si tu veux scorer 90 points, faut vraiment bosser. Un soutien financier compliqué Je n’ai toujours pas de sponsor bike, il faut dire que ce n’est pas la fête en ce moment dans l’industrie du vélo pour certaines disciplines tout du moins. Mais c’est la vie… Je me débrouille. Cette année, Tomas Lemoine m’a passé un de ses cadres. J’ai donc monté ça avant la Joyride. Quand on vient du BMX, on sait relativiser car il n’y a pas beaucoup de moyens financiers non plus dans ce milieu. C’est compliqué de toucher de l’argent. En avoir de deux ou trois marques, c’est déjà bien. Mais ça reste difficile pour moi d’être au salaire que j’avais avant. Quand tu fais des bons résultats et qu’on te propose moins que ce que tu gagnais avant, c’est quand même un problème… Je ne fais pas ça pour l’argent, mais ça compte forcément aussi. J’ai des propositions oui, mais je ne suis pas prêt à signer pour une marque qui ne respecte pas mon nouveau statut. © Graeme Murray / Red Bull Content Pool Son intersaison La saison off n’est finalement pas très longue. L’année dernière, j’ai tourné ma vidéo et j’ai ensuite vite enchaîné sur les compétitions dans l’hémisphère sud. Pour l’instant, je n’ai rien de prévu sur cette intersaison. Désormais, il me reste deux events en Espagne et à Martigues. Ensuite, un peu de vacances, sans vélo, ce qui ne sera pas loin d’être une première dans ma vie. Et puis reprise de l’entrainement car les premiers events arrivent vite en Nouvelle-Zélande fin février. Et après, on a moins de temps dans la saison pour s’entrainer, donc il ne faut pas louper le coche sur les entrainements cet hiver. D’autant que j’ai encore de la marge pour progresser donc il faut bosser. © Bartek Wolinski / Red Bull Content Pool Regardez le reportage de l’émission Riding Zone (produite par Puzzle Media) sur le Darkfest en Afrique du Sud.