« Immersions » : Au cœur des océans avec les photos de Rodolphe Guignard



Auteur d’un livre de photos sur le monde sous-marin à paraître en janvier, Rodolphe Guignard nous raconte sa passion de la plongée et sa fascination pour les créatures rencontrées dans les océans.

Au rythme de ses voyages, des récifs tropicaux aux eaux glacées de l’Arctique, Rodolphe Guignard a capturé des milliers d’images. Ce photographe amateur, travaillant dans l’univers de la télévision, en a tiré le meilleur dans son ouvrage « Immersions » qui sera disponible en janvier prochain aux Editions Charles Moreau. Nous l’avons rencontré pour qu’il nous parle d’océan, de plongée, de voyage et d’hippocampe pygmée.

© Rodolphe Guignard

Comment as-tu découvert le monde de la photo sous-marine ?

La mer est un milieu qui m’est familier depuis que je suis tout jeune. Enfant, j’ai eu la chance de passer toutes mes vacances au bord de l’eau, et très vite j’ai été attiré par le milieu sous-marin. Depuis, cette passion ne m’a jamais lâché. Lors de mes études supérieures, j’ai même failli devenir océanologue ! Le hasard de la vie a fait que je me suis orienté vers l’audiovisuel. Mais mon attrait pour l’eau est resté intact.

Vers 12 ans, j’ai commencé à plonger, en apnée d’abord, puis j’ai rapidement pris des bouteilles. J’ai appris à observer, à regarder. C’est là que le virus de la photo est venu. Avec un appareil, on voit différemment la nature. J’ai appris la technique de façon complètement autodidacte et ça fait une dizaine d’années maintenant que je me suis spécialisé dans la photo sous-marine. Du gros au petit, du grand angle à la macro, tout me fascine. Je suis autant émerveillé par une raie Manta géante que par un minuscule hippocampe pygmée qui est grand comme un grain de riz.

 

Comment organises-tu tes voyages ?

Ce qui fait ma particularité par rapport à d’autres photographes, c’est que je fais des photos en très peu de temps. Je reste sur place en général une semaine voir moins. Je dois donc aller à l’essentiel. Il m’arrive de partir en solo comme en Arctique ou en Afrique du Sud, car il s’agit de plongées très spécifiques.

Quand je pars avec ma famille, je m’organise avec les clubs de plongée locaux qui me mettent à disposition un guide animalier. Sous l’eau, je travaille de façon très instinctive, avec des réglages assez simples. Je laisse le côté nature s’exprimer pleinement. Ça peut parfois provoquer des bonnes surprises comme des mauvaises !

© Rodolphe Guignard

Quelles sont les plongées qui t’ont marqué ?

J’adore tout ce qui est un peu atypique. Au Mexique par exemple, j’ai photographié les crocodiles de nuit et l’expérience en Arctique avec les orques dans une eau à 4°C reste aussi un souvenir mémorable. Le ballet des raies Manta est également un spectacle exceptionnel. Ce sont des animaux majestueux et élégants alors qu’ils peuvent peser jusqu’à trois tonnes et mesurer jusqu’à six mètres d’envergure.

Mais la macro-faune des récifs coralliens de Papouasie est tout aussi hypnotique avec ses espèces endémiques que l’on ne retrouve nulle part ailleurs. Toutes les destinations sont un prétexte à rapporter de belles images. Quand on part en famille, je me débrouille toujours pour qu’il y ait des spots de plongée pas loin.

 

As-tu déjà eu peur en plongée ?

Peur, pas vraiment. L’appareil photo est peut-être un piège pour ça. On a l’impression d’être protégé par le caisson qui peut parfois servir à repousser des animaux un peu trop « curieux ». Cela a été le cas en Afrique du Sud alors que j’étais entouré de 70 requins qui n’hésitaient pas à venir au contact. Sous l’eau, tu es absorbé par tes réglages, ta lumière…Tu es tellement concentré sur ton truc que tu ne te rends parfois pas compte du danger. La sécurité est une priorité absolue. C’est pourquoi je m’entoure uniquement de pros pour me guider dans mes expéditions.

Finalement, bien plus que les requins, ce sont les espadons qui m’ont offert les plus belles poussées d’adrénaline. Chaque Février sur la côte Est du Mexique a lieu ce qu’on appelle le « sardine run » où des milliards de sardines se retrouvent. Quand tu te mets à l’eau et que les espadons entrent en chasse, ça devient vite tendu. L’espadon est l’animal marin le + rapide du monde. Il peut faire des pointes à 110 km/h. Il assomme les sardines avant de les dévorer. Quand il y en a un qui passe à côté de toi à cette vitesse, c’est impressionnant, surtout avec son rostre acéré comme une épée. Et en plus, tu dois faire attention aux pêcheurs en surface avec leurs lignes qui se croisent.

© Rodolphe Guignard

Comment as-tu sélectionné tes photos ?

Ça fait 10 ans que je fais de la photo sous-marine, donc je me suis dit que je pourrais en faire un livre plutôt que de les garder sur mon ordinateur.  J’ai fait une sélection assez simple au début sans me soucier des destinations mais davantage de l’émotion créée par la photo. Finalement, je me suis rendu compte qu’il y avait une douzaine de destinations dans celles que j’avais ressorties.

 

As-tu constaté sur des spots de plongée l’impact de la pollution ?

J’ai eu la chance d’aller deux fois en Papouasie sur l’archipel des Raja Ampat à 10 ans d’intervalle. C’est une des zones les plus riches en termes de biodiversité. Il y a 10 ans, c’était extraordinaire, tout était vivant. Quand j’y suis retourné en 2016, on pouvait constater les ravages liés aux cyclones et à la pêche à la dynamite.

Mais mes voyages m’ont aussi donné de l’espoir. Les Papous qui vivent dans cet archipel indonésien ont par exemple compris qu’un écosystème en bonne santé leur rapporterait beaucoup plus d’argent que s’ils le détruisaient. Et dans un autre genre, les habitants de l’Arctique restent humbles face à la mer. Ils veulent protéger leur joyau, sans forcément l’ouvrir au tourisme de masse.

 

Que t’a appris l’océan ?

J’ai un rapport à la mer rempli d’humilité. Je respecte cet environnement car ce n’est pas mon monde, je ne suis que de passage. C’est le seul endroit où je me sens totalement moi-même…

© Rodolphe Guignard

Découvrez le livre en exclusivité au Salon de la Plongée, du 11 au 14 janvier 2019 au Parc des Expositions de Paris. Dédicaces en présence de Rodolphe Guignard et Bernard de la Villardière (auteur de la préface).

Date de parution : Janvier 2019

Editions Charles Moreau

224 pages français/anglais

Prix : 40 euros