Une expédition sous-marine inédite sur 28 jours à 120 mètres de profondeur



À partir du 1er juillet, quatre plongeurs vont vivre par 120 mètres de profondeur au large des côtes méditerranées françaises dans un module pressurisé de 5m². Objectif, explorer les grandes profondeurs.

Une équipe de quatre plongeurs va vivre une expérience inédite dès le 1er juillet. Le biologiste et photographe sous-marin Laurent Ballesta et les trois autres membres de l’équipage (Antonin Guilbert, Thibault Rauby et le Suisse Yannick Gentil), vont habiter pendant un mois dans une station bathyale. Ce caisson pressurisé de 5m² sera immergé entre Marseille et Monaco et devrait permettre à ses habitants d’explorer sans limite la zone des 100 mètres et révéler les fonds luxuriants et encore méconnus de la Méditerranée.

Cette expédition baptisée « Planète Méditerranée » (Gombessa V) suivra les précédentes plongées en Afrique du Sud avec le cœlacanthe (Gombessa I), celle en Polynésie Française sur la reproduction des mérous (Gombessa II), celle dans les eaux profondes de l’Antarctique (Gombessa III) et la dernière en Polynésie Française sur les requins gris (Gombessa IV). « Au regard de mes expéditions précédentes, je crois que le projet à venir est à la fois le plus ambitieux mais aussi le plus proche puisqu’il se passe en Méditerranée » explique Laurent Ballesta.

En Méditerranée, l’équipe profitera de cet habitacle permanent pour gagner du temps et éviter ainsi les interminables paliers de décompression à faire lors d’une plongée classique. La station mesure en tout 10m². Elle est divisée en trois parties : un module de vie, un module vestiaire et un module de transition appelé « tourelle de plongée » pour accéder aux fonds marins.

Les quatre hommes mettront en place des protocoles scientifiques supervisés par une équipe de chercheurs de différentes disciplines et nationalités (cartographies, analyses des écosystèmes, recherches d’espèces rares, études des niveaux de pollution en Méditerranée…). Les plongeurs partiront également explorer des épaves (dont le sous-marin français « Le Protée », coulé en 1943 par 125 mètres de fond). Il réaliseront aussi des clichés inédits des fonds marins.

Sous l’eau, les conditions seront difficiles à gérer pour l’équipage qui devra affronter une pression 13 fois supérieure à la pression habituelle (une situation jamais vécue par l’homme sur une si longue période). Deux techniques seront utilisées pour rendre la plongée possible à ces profondeurs : plongée à saturation (confinement dans un espace maintenu sous pression) et plongée sportive profonde (utilisation de scaphandres recycleurs). Autre donnée à gérer, le mélange gazeux composé majoritairement d’hélium (90 %) et de seulement 2 % d’oxygène que les plongeurs respireront.

« En matière de performances techniques et sportives, il s’agit là d’une première mondiale, et je pèse mes mots quand je le dis » ajoute Laurent Ballesta. « Voilà 18 ans que j’attendais d’avoir de tels moyens d’exploration« . Dehors, seul 1% de lumière arrive entre 60 et 120 mètres de fond.

Enfin, en surface, une équipe d’une vingtaine de personnes sera chargée de préparer le matériel, traiter les données recueillies, surveiller les conditions météo et le bon fonctionnement des modules pressurisés, ainsi que d’organiser en détail le travail quotidien dans les grandes profondeurs. Un documentaire sur cette expédition sera diffusé sur Arte en 2020, mais vous pouvez suivre son évolution sur la page Facebook dédiée, sur la chaîne Youtube et sur le compte Instagram de Laurent Ballesta.