À Tahiti, la nouvelle tour des juges des JO ne fait pas l’unanimité



Des manifestations ont eu lieu ces derniers jours à Teahupoo pour protester contre la nouvelle tour des juges. En cause, son impact sur l’environnement et le fait qu’elle ne sera pas réutilisée après la compétition sur le spot.

Il y a un mois, une réunion d’information s’était tenue à Teahupoo entre la ministre des Sports de Tahiti Nahema Temarii, le comité organisateur des JO et la population. L’objectif de ce point était entre autres de préciser aux locaux les détails de la construction de la prochaine tour des juges des Jeux Olympiques de Paris 2024. Jusqu’à maintenant, c’est une tour en bois qui servait aux juges pour l’épreuve du championnat du monde de surf, disputée à Tahiti sur le célèbre spot. Mais pour les JO, cette dernière ne sera pas utilisée (ni détruite). C’est une nouvelle tour en aluminium qui sera érigée dans la baie afin de répondre au cahier des charges olympique et permettre d’y apporter notamment tous les serveurs, batteries de secours et relais qui assureront la transmission de l’épreuve. Par ailleurs et contrairement à celle en bois, la tour sera dotée de la climatisions et des toilettes. L’équipement total coûtera 5 millions d’euros.

Or, non seulement cette tour sera enlevée après les JO mais la population locale craint également qu’elle ait un impact néfaste sur l’environnement. C’est pour protester contre ce projet qu’une manifestation organisée par le surfeur local Tahurai Henry a eu lieu ce dimanche 15 octobre à Teahupoo. Les surfeurs Michel Bourez, Jérémy Flores, Kelly Slater, Tereva David, Eric Rebiere, Tim Bisso, Miky Picon ou encore les photographes Ben Thouard et Tim McKenna ont apporté leur soutien à cette action sur Instagram.

Le surfeur pro Matahi Drollet était présent et a notamment expliqué sur Instagram les raisons de cette colère : « Cette marche pacifique n’est pas contre les Jeux Olympiques mais contre la nouvelle tour de jugement en aluminium qu’ils veulent construire sur le récif. Cela va endommager le récif et tout l’écosystème du lagon en face de la vague… et dans le pire des cas, la vague de Teahupoo également. L’océan et le lagon sont les endroits les plus précieux que nous ayons ici. C’est de là que nous tirons notre nourriture, c’est là que nous jouons, c’est là que nous passons le plus clair de notre temps et c’est là que nous avons la vague la plus parfaite du monde. C’est un héritage de nos ancêtres que nous devons préserver. Notre association, qui regroupe les pêcheurs, les agriculteurs, les surfeurs, la population de Teahupoo, les jeunes et les personnes âgées, est opposée à cette nouvelle tour. Nous voulons qu’ils utilisent la tour de jugement normale que la WSL utilise chaque année. Elle fonctionne parfaitement bien et ils doivent s’adapter à notre environnement et nous écouter. »

De son côté, la ministre des Sports s’est montrée ouverte pour permettre de faire évoluer le projet, notamment sur la réutilisation de la tour sur un autre spot moins difficile techniquement que celui de Teahupoo (afin que davantage de surfeurs puissent bénéficier de cette infrastructure). La tour devrait être construite ces prochains mois et testée en mai 2024, lors de la prochaine compétition de la WSL qui aura lieu moins de deux mois avant les épreuves de surf des JO prévues fin juillet.

Regardez en replay ci-dessous le dernier épisode d’Actu Ride (émission produite par Puzzle Media).