Les surfeuses littéralement mises à nu



Le débat sur la sexualisation des surfeuses reprend de l’ampleur suite à une interview de l’australienne Ellie-Jean Coffey pour l’émission Sunrise. En effet, celle-ci déclare que les “surfeuses professionnelles devraient se servir de leur image sexy pour se faire de la publicité et réussir”.
Mais pourquoi cette nouvelle génération de surfeuses se croient-elles obligées de jouer aux modèles pour magazines de charme douteux ? Il y a aujourd’hui deux noms qui représentent ce phénomène d’hyper-sexualisation du surf féminin : Alana Blanchard et Anastasia Ashley. Elles jouent la provoc’ dès qu’elles en ont l’occasion. Ça sera à celle qui fera le plus de buzz. Elles savent qu’elles ont un corps qui plaît, et cet atout passe désormais avant leurs performances.

Couverture médiatique et sponsors
Le problème, c’est que certaines de ces championnes pensent être obligées de se dénuder pour exister. Le surf féminin reste une discipline très peu médiatisée et les sponsors préfèrent se tourner vers les hommes pour représenter leur marque. Mais cette tendance change, car il faut avouer qu’une fille se trémoussant en bikini, c’est vendeur…

Il suffit de regarder de plus près les disparités dans les compétitions entre hommes et femmes pour se rendre compte que le surf doit absolument évoluer. Il n’est pas normal de laisser automatiquement les bons spots à ces messieurs, tout comme il est impossible de justifier un écart de prize money de près de 85 000 dollars… Les organisateurs rétorquent que les surfeuses ne sont pas assez nombreuses en compétition, mais il serait étonnant que ces pratiques inversent la tendance. Surtout qu’ils continuent d’exclurent les femmes de certains spots, les jugeant « trop dangereux » pour elles. En 2013, les plus grandes surfeuses ont protesté contre leur interdiction de compétition à Maverick (Californie), en disputant une épreuve à Bali chaussées de talons aiguilles.

L’auteur  Taha Al Azzawi a mis en lumière ce phénomène dans son livre « L’image de la surfeuse : miroir aux Alouettes ». Il offre un regard réaliste sur l’évolution de l’image de la femme dans le surf, qu’il explique à l’occasion d’une interview pour le blog surf-prévention en 2013. » Certes la femme a gagné une plus grande place dans l’univers du surf, mais elle est obligée dans ce droit d’entrée de composer avec le grand cirque médiatico-économique du sport de haut niveau, en louvoyant entre son identité de sportive et son identité d’objet du désir masculin, comme si le désir érotique n’était jamais loin du désir de consommer. Par conséquent l’évolution permet actuellement aux femmes de figurer sur la scène sportive, mais dans des conditions qui ne lui donnent par encore l’équité au niveau de gains lors de grandes compétitions, ni l’équité dans la possibilité d’apparaître très librement dès qu’elles sont face aux médias » Dans l’imaginaire collectif, le surf est très souvent jugé comme un sport aux pratiquantes « sexy » pour une raison simple : le maillot de bain. Il est difficile d’imaginer les sportives concourir en col roulé, mais il est aussi compliqué pour un spectateur lambda d’imaginer autre chose qu’une bimbo blonde en bikini suggestif quand on lui évoque cette discipline. Comment les mentalités peuvent-elles donc évoluer ?

Appel au boycott
Cette dégradation de l’image des surfeuses ne plait pas à tout le monde. Cori Schumacher, triple championne du monde de surf en longboard, avait d’ailleurs appelé à un boycott de la marque Roxy suite au teaser controversé et de tous ces sponsors qui jouent sur la femme objet sexuel. Dans une pétition ayant recueilli près de 23 000 signatures intitulée « Roxy : Stop Your’All Sex, No Surf’ Ads ! », elle s’insurge contre les marques qui profitent de cette tendance et leur demande «d’arrêter la sexualisation des femmes dans le marketing et la vente de ses produits, et de présenter plutôt les surfeuses pour que les femmes puissent être fières d’être associées à cette image, et que les jeunes filles puissent vraiment l’admirer » Largement relayée sur la toile, les arguments de la sportive ont été entendus. Mais ce genre de démarche peuvent-elles suffirent pour bousculer le sexisme de plus en plus installé dans la discipline ? Ce n’est pas la marque Reef, distribuant pourtant des articles de surf, qui va arranger les choses. Chaque année, elle organise l’élection de « Miss Reef ». Le principe ? Avoir les plus belles fesses et … rien d’autre. Elle s’offre donc un beau coup de pub en enfonçant une porte ouverte, et en réduisant encore une fois les femmes à de simples bouts de viande. Charmant.

Miss Reef

Il est temps que les mentalités changent et c’est désormais au tour des sponsors et des médias d’ouvrir les yeux et de permettre aux jeunes surfeuses prometteuses de se faire remarquer sur la scène internationale sans avoir besoin d’enlever le haut.

 Source : Youtube