Louis Jeandel : « Après ma deuxième place, le rêve est de remporter les mondiaux »



Vice-champion du monde de VTT enduro en 2024, Louis Jeandel a connu une saison 2025 plus contrastée. Originaire de la Creuse où il a lancé l’Enduro des Millevaches, celui qui est désormais installé dans les Alpes espère bien un jour revêtir le maillot arc-en-ciel. On a rencontré le Français sur le stand de son sponsor Andros au dernier Roc d’Azur à Fréjus.

Sa saison 2024

Je termine 17ème au classement général avec deux courses sur lesquelles j’ai une casse mécanique. Considérant que c’était une nouvelle année pour moi chez Lapierre et que tout changeait au niveau matos en venant de chez Commencal, c’est sûr qu’il m’a fallu un temps d’adaptation. J’ai eu deux ou trois soucis mécaniques du fait que je sois passé du tout alu à un vélo tout carbone, en plus d’avoir de nouvelles suspensions, de nouveaux freins… Je n’avais pas assez d’expérience avec ces vélos-là. Il y a plusieurs courses où au final, je n’étais pas dedans parce que je ne trouvais pas mes réglages. Je pense qu’il m’a manqué du temps. Et en plus, je me suis cassé l’omoplate. Ça m’a donc encore enlevé du temps pour tester mon matériel. Au final, malgré ces circonstances, je suis quand même content d’avoir fait deux top 5 dans la saison.

La saison prochaine

Malheureusement, mon contrat s’arrête chez Lapierre. Je suis déçu, car je pense qu’il y avait de quoi faire davantage avec eux, d’autant que l’apport de Nicolas Vouilloz (ndlr : sept fois champion du monde en élites et légende de la discipline qui travaille pour Lapierre) était un gros plus grâce à ses conseils qui m’ont bien aidé. J’ai cependant trouvé autre chose pour l’an prochain, même si j’aurais préféré continuer avec Lapierre. J’annoncerai ça en début d’année prochaine.

Sa 13ème place aux mondiaux

Je les avais vraiment bien préparés. J’avais fait trois semaines de stage en altitude pour m’acclimater car le spot était assez haut à Aletsch en Suisse. J’avais choisi le vélo all-mountain Zesty de chez Lapierre pour être fort sur les parties physiques, mais je me suis rendu compte que le terrain avait un peu changé et que ce choix stratégique n’a pas été le bon. Dès que ça descendait fort, ça tapait et avec le Zesty, j’étais quand même un peu limité. C’était un pari qui n’a pas fonctionné.

L’objectif ultime

Je pense que c’est plus compliqué pour moi de viser une victoire au classement général sur une saison, car physiquement, j’ai du mal à enchaîner toutes les épreuves et être performant sur le long terme. Les mecs de devant sont des monstres physiques et sont très constants, alors que moi, j’arrive davantage à faire des coups d’éclat de temps en temps. Donc, je dirais que le rêve, ce serait plus de remporter les mondiaux qui sont une épreuve disputée sur une seule course.

Ses origines en Creuse

Je suis originaire de la Creuse où il y a peu d’infrastructures pour le VTT. Mais c’est là-bas que j’ai commencé à rouler avec beaucoup de personnes qui m’ont énormément apporté au niveau des connaissances de la discipline, de la compétition… C’est là-bas où j’ai vraiment passé des caps et c’est où tout a vraiment pris sens. Aujourd’hui, j’habite dans les Alpes, mais je reviens toujours énormément en Creuse pour développer localement la pratique du vélo parce qu’il y a vraiment un beau potentiel.

Son rôle d’organisateur de l’Enduro des Millevaches

On a monté une association pour organiser cette compétition qui a vraiment bien marché pour sa première édition cette année. J’étais surpris de voir autant de monde s’inscrire. Ce que j’aime, c’est que ce sont vraiment des passionnés qui viennent sur cette épreuve. Sur place, il y a peu de chemins pour le VTT, donc la plupart des singles de l’épreuve, nous les avons tracés nous-mêmes. En gros, on est en train de créer un Trail Center, ce qui permettra de faire venir plus de monde en Creuse, car jusqu’à aujourd’hui, tu ne viens pas forcément dans le coin si tu es passionné de VTT. C’est aussi une façon de développer le tourisme et la Mairie l’a constaté avec l’engouement autour de l’épreuve et l’ambiance qui était excellente. L’avantage, c’est qu’il n’y a pas de grosses montées donc tu ne galères pas à aller au départ des sentiers. La pente est assez douce, la terre est bonne donc c’est accessible. Enfin, on pense à développer l’aspect compétition encore plus loin en organisant dès l’année prochaine un Trophée du Centre qui regroupera plusieurs étapes enduro dans le Massif Central.

Ses débuts dans le VTT

J’ai commencé plus tard que la moyenne, vers 12 ou 13 ans. C’est en regardant une vidéo de VTT descente que je me suis dit que c’était ce que je voulais faire. Sauf que chez moi, c’est plutôt plat donc j’ai attaqué par le cross-country et les TRJV (Trophée Régional du Jeune Vététiste). J’ai ensuite fait un choix en me dirigeant sur l’enduro car ça me plaisait davantage avec la variété des spéciales et le fait de découvrir un spot quand tu arrives sur une compétition. Ensuite, je suis parti assez vite de la Creuse pour trouver des infrastructures plus adaptées au VTT enduro. Je suis allé au Bourget-du-Lac et j’ai monté les échelons progressivement.

Le déclic

Alors que je jonglais entre mes études et le VTT, je me suis gravement blessé à la cheville à un moment où je faisais des top 15 en Coupe de France. Rien de bien fou niveau résultats, mais cette blessure m’a amené à me poser des questions et à faire le constat que je devais vraiment progresser pour pouvoir espérer continuer et en faire mon métier car ça commençait à être cher financièrement parlant et c’était lourd pour mes parents à qui je demandais beaucoup. Au retour de ma blessure, j’avais le choix : soit je me mettais un coup de pied au cul et je passais un cap, soit j’arrêtais. La saison d’après, je faisais podium en Coupe de France et troisième au général. Et en plus, je gagnais une Coupe du Monde en junior. Ça a débloqué beaucoup de choses. Toutes les années qui ont suivi, j’ai progressé en Coupe du monde jusqu’à claquer mon premier podium en élites à Loudenvielle.

Sa deuxième place aux mondiaux 2024

Ce résultat, c’était vraiment l’aboutissement de tout mon travail. Je savais que j’avais le potentiel pour faire un podium sur une course de ce niveau-là, notamment quand les conditions me plaisent. Sur ces mondiaux, il y avait vraiment un truc dans l’air, quelque chose qui se passait. C’était un engouement et une ambiance qui m’ont poussé. En plus, le vélo Commencal était parfaitement réglé, on l’avait développé pour moi, donc tout était réuni pour faire un bon résultat, ce qui a été le cas avec ce titre de vice-champion du monde.

 
 
 
 
 
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L’entraînement en dehors du vélo

Je pense que c’est une part très importante pour moi parce que je déteste faire la même chose. Mon coach est très bon pour me faire un programme assez diversifié. J’adore varier dans tous les styles de vélo, que ce soit e-bike, crosscountry, route, enduro…  Je fais aussi beaucoup de ski l’hiver pour m’entraîner, un peu de muscu, de l’escalade… Je ne tombe pas dans une routine à faire toujours la même chose et rouler en permanence. Ça me fait du bien à la tête de pratiquer d’autres disciplines.

Son épreuve préférée

Morillon en Haute-Savoie, sans hésiter. Niveau organisation, niveau trail… ça se sent que c’est une station motivée qui veut mettre le VTT en avant. Ils ont mis des moyens pour accueillir la Coupe du Monde cette année et les sentiers étaient vraiment beaux.

L’épreuve qu’il porte le moins dans son cœur

Leogang en Autriche. Niveau pilotage, c’est moins mon délire. C’est très typé bike park. En plus, quand on va là-bas, on sent qu’on est mis à l’écart par rapport à la DH et au cross-country. Ils nous mettent sur des spots loin de tout. C’est l’inverse des Coupes du Monde comme Finale Ligure ou la Tasmanie où tu sens que les gens ont envie que tu viennes, que l’enduro a une vraie importance et que la discipline n’est pas mise de côté.

Un pays qu’il a aimé

Le Canada reste l’un de mes meilleurs souvenirs car pour le vélo, c’est plein de possibilités. Mais au final, pas besoin d’aller loin, en Europe, on a une telle variété de spots, c’est impressionnant. Je dois avouer que je suis un peu jaloux des pays nord-européens qui ont réussi à développer le VTT correctement. Ils ont des beaux trail centers. Et je pense qu’en France, s’il nous manque un truc, c’est ça. Arriver à développer des centres de vélo parce ça donne l’accès à bien plus de gens pour se lancer dans le VTT. L’an dernier, quand on est allé en Nouvelle-Zélande, on est tombé par hasard sur une course de VTT descente. Il y avait 500 gamins de moins de 19 ans qui étaient inscrits. On s’est dit qu’en quelques années, on allait se faire plumer parce qu’ils ont toutes les infrastructures pour développer la discipline. Moi, ça m’a rendu fou et c’est pour ça aussi que je me suis dit que j’allais faire un trail center chez moi en Creuse.

Son produit Andros favori

C’est la gourde Hydragel. J’en prends tout le temps avec moi quand il y a de fortes chaleurs. Et c’est tellement agréable à manger. Tu as vraiment l’impression de manger une glace alors qu’il fait 30 degrés. Et même si tu la gardes dans la poche, tu as quand même cette sensation de fraicheur. Et j’adore aussi les Gummies fraise, c’est trop bon et tu peux en manger une toutes les 30 secondes, c’est nickel. Ce n’est pas trop charger en glucides, c’est facile à avaler et le goût est top.

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