LE DIKTAT DU SEXISME DANS LE SPORT EXTRÊME



Moins médiatisées, moins récompensées, moins respectées. Dans le milieu du sport extrême, difficile de parler d’égalité entre les hommes et les femmes. S'il n'y a rien à signaler niveau pratique, en revanche, dès que l'on parle de haut niveau ça chauffe. Il faut être aveugle pour passer à côté du sexisme ambiant et coutumier dans cet univers ultra-masculin. Sous-médiatisation, réduction primaire, écarts de prize money, réussira t-on un jour à changer les mentalités ? Pour l'instant, on observe plutôt un status quo et les préjugés sexistes ont encore de beaux jours devant eux. A l'image du skateur pro Nyjah Huston qui s'est lâché dans une interview accordée au Trasher Magazine : "Pourquoi les filles participent aux concours de skate downhill ? Personnellement, certaines d'entre elles peuvent rider, mais je crois que le skateboard n'est pas un sport pour les gonzesses. Mais alors, pas du tout". Des déclarations choquantes, caricaturaux et stéréotypés qui jasent dans la planète ride car le Californien est un véritable modèle pour la jeune génération de skateurs. Talentueux certes mais aussi bien arriéré…Même si historiquement, le sport a été pensé pour former les hommes à la virilité (les premiers Jeux Olympiques étaient réservés à la gente masculine), aujourd'hui il faut conquérir le coeur des machistes et leur faire prendre conscience que le visage du freestyle a bel et bien changé.

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Surfe en bikini et sois sexy !
A commencer par les organisateurs d'événements comme Roxy qui n'hésite pas à jouer la carte de la surfeuse à moitié à poil (en l'occurence Stéphanie Gilmore) dans un teaser promotionnel d'une des plus importantes compétitions de surf féminin. Le site Tracks s'est penché sur la polémique et a recueilli l'opinion de Stéphanie Gilmore, triple championne du monde de surf à ce sujet : "Que ça nous plaise ou non, les femmes surfent en bikini. C’est mon uniforme et il me plaît. Ça me plaît d’être sexy quand je fais du surf. Nous passons toutes nos journées dehors, à la plage. J’aimerais montrer cette image au monde entier pour inciter les filles à se bouger, à être actives, en bonne santé, à être elles-mêmes et à profiter de la vie. C’est de ça dont il est question dans ce clip : avoir confiance en soi et profiter de la vie. Et pour moi, c’est message est bien meilleur que d’autres". Désolé, on n'avait pas compris… Nous faire avaler que derrière les gros plans des fesses de la rideuse et sa petite trempette dans la douche se cache un message positif plein de bon sens. Bien tenté… Au moins une, n'est pas tombée dans le panneau du marketing orienté sexe. Il s'agit de Cori Schumacher, qui a lancé une pétition en ligne (déjà 20 000 signatures) pour exiger de la marque Roxy stoppe ses pubs qui renvoient uniquement au sexe. "Dans le surf féminin, tout tourne autour de l’apparence, pas des résultats sportifs. A chaque fois qu’on entend  un truc du genre "cette génération de surfeuse casse vraiment la baraque", on a droit à "et comme elles sont bonnes". Pourtant, les femmes n’ont pas droit aux mêmes prix, ni à la même couverture médiatique, et les sponsors les payent moins" dénonce la triple championne du monde de longboard. Voilà une nouvelle qui devrait énerver Alana Blanchard et Anastasia Ashley… mais elle s'ont bien trop occupé à se trémousser sur du twerk ou à montrer leurs corps devant les photographes. Surtout qu'apparemment certains contests donnent jusqu'à 100 000 dollars au vainqueur alors que la championne doit se satisfaire de 15 000. 
 

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Ton price money, tu peux te le mettre où je pense !
Car quand vous posez la question à un rider "les femmes méritent-elles de gagner autant que les hommes", la bombe est larguée… La plupart du temps, l'argument n°1 du mâle archaïque  est "mais les filles sont moins fortes". L'autre raison plus recevable cette fois-ci s'explique par le fait qu'il n'y a pas pour le moment assez de femmes sur les compétitions. Cela n'a aucun rapport avec le manque de prize money, seulement voilà le sport est jeune et concerne davantage d'hommes pour le moment. En gros, les filles devraient accepter de gagner en fonction du challenge relevé. Et là, vous vous dites que si une rideuse n'est pas un chouya féministe, elle est bien dans la merde. "Quand j’ai commencé, nous les filles, on n’avait pas le droit de participer aux compètes. J’ai ridé contre les gars, et où, quand tu gagnes un t-shirt, le gars il gagne un voyage à HawaÏ. Forcément, ce n’est pas très encourageant" confie la snowboardeuse Anne-Flore Marxer. Tout réside donc dans la volonté pour les acteurs de féminiser les sports extrêmes. Certains d'entre eux y voit une démarche hérétique quand d'autres font bouger les lignes. Réputé pour avoir un prize money et des lignes identiques, le Burton European Open a choisi son camp en adoptant ce genre de "discrimination positive". Ce n’est pas parce que l’on est différents, que l’on doit être inégaux. N'oublions pas que sur le plan physique et investissement, les femmes prennent les mêmes risques et déboursent autant d'argent que leurs homologues masculins pour se déplacer sur une compétition. De plus que ces derniers ont beaucoup plus de facilité à trouver des sponsors. Au lieu de considérer le prize money comme une récompense, il faudrait plutôt y voir un encouragement et peu-être qu'avec le temps le niveau des filles augmenterait plus rapidement.

CoralieL