LES SPORTS EXTRÊMES SONT-ILS VRAIMENT DANGEREUX ?



À combien de morts ou de blessés graves peut-on estimer le ticket d’entrée pour qu’un sport traditionnel devienne un sport extrême ?

Y a t-il forcément une notion de freestyle ou est-ce juste une question de dangerosité ? The Rider post a enquêté…

Basejump, snowboard, saut à l’élastique, parachutisme, FMX, BMX, surf, skate, escalade… Aujourd’hui, nombreux sont les sports considérés comme « extrêmes » alors qu’ils ne le sont pas tant que ça. A tort et à travers, on emploie l’expression si facilement dans notre quotidien qu’on en oublierait presque son vrai sens. Certes, ces activités sportives procurent des sensations uniques mais en cas de chute l’issue peut-être fatale. Alors que penser de ces sports ? A partir de quand peut-on qualifier un sport d’extrême ? Quels sont les sports les plus dangereux ? Notre rédaction tente de répondre à ces questions épineuses.

Le sport extrême, c’est quoi ?
L’origine de la notion de « sport extrême » remonte aux années 50 dans une citation de Ernest Hemingway. « Il y a seulement trois sports : la tauromachie, la course automobile et l’alpinisme, tous les autres ne sont rien que des jeux d’enfants « . A la base, le romancier américain souligne l’importance de la dangerosité présente dans ces activités sportives exposées aux blessures graves voire mortelles. Celles-ci impliquent souvent les notions de vitesse, de hauteur et d’engagement physique que ce soit en mer, sur terre ou dans le ciel. Bon, on ne va pas vous référer la liste très longue de ces disciplines publiées par Joe Tomlinson en 2004 dans son livre In Search of the Ultimate Thrill (11 sports aériens, 23 sports terrestres et 14 spots aquatiques) mais sachez que vous trouverez dedans des pratiques réputés comme le base jump, le snowboard ou encore le FMX mais d’autres plus incongrues comme la nage en eau libre et le tricycle. De quoi se poser quelques interrogations…

Également présente dans le sport extrême, la notion de freestyle autrement dit l’absence de cadres, de règles contrairement aux sports traditionnels comme le foot, le basket, le handball… Une liberté qui attire beaucoup de jeunes à l’esprit contestataire.

Sport extrême, pot-pourri ?
Au fil du temps, sa signification a beaucoup évolué. À partir de 1990, l’auto-proclamation des activités à sensations fortes est devenue monnaie courante. Conséquence : aujourd’hui dans notre société, on assiste clairement à une surenchère des sports dits « extrêmes ». Dans quel but ? Valoriser la discipline en utilisant un outil marketing de taille : les sensations fortes. En gros, l’adrénaline a supplanté le danger dans la définition intrinsèque des sports extrêmes. Depuis 2000, son sens s’est considérablement assouplie et dans cette catégorie on retrouve désormais des variations de sports classiques initialement sans risques mais orientées vers des pratiques plus complexes. Ici, l’entraînement ou les résultats comme au foot (sport traditionnel) n’y ont guère d’importance, seule la loi des sensations fortes importe.

Rider, tarzan urbain ? 
C’est là un des symptômes de cette « démocratisation » du sport extrême. Puisque le grand public souhaite éprouver le grand frisson sans dommage, il suffit de créer des pratiques aux risques atténués tant en les considérant comme « extrême ». De même qu’à cause de cette banalisation de plus en plus répandue, nous avons le sentiment que n’importe qui peut faire n’importe quoi. Une surestimation des compétences dûe à notre besoin fondamental de prendre des risques, vivre des expériences excitantes, ressentir l’euphorie quitte à y laisser des plumes. Puis, être en harmonie avec un environnement spectaculaire permet aussi de mieux se connaître et de progresser en se dépassant soi-même. A partir de ce constat, difficile de demander à un rider professionnel de fixer ses propres limites alors qu’il risque sa vie. Pour Roman Abrate, champion de roller, les sports extrêmes ne sont pas à la portée de tous : « il faut enchaîner pas mal de chutes pour apprendre le roller. Moi-même j’ai eu une hémorragie interne au cours d’une session. Mais à force de pratiquer, à force de dépasser mes limites, des fois je ne me rends pas compte de la prise des risques« .

Base-jump, star reine des sports extrêmes
LES SPORTS EXTRÊMES SONT-ILS VRAIMENT DANGEREUX ?Dérivé du parachutisme, le base jump (saut depuis un plan fixe et pas un avion) est considéré comme l’activité à sensations la plus dangereuse au monde. Pour preuve, le taux d’accidentologie se révèle dix fois supérieur que lors de la pratique normale du parachutisme. Mais pour la Suisse Géraldine Fasnacht, championne du monde de snowboard freeride et grande base-jumpeuse, hors de question d’assimiler son sport au mot « extrême » : « je qualifierais mon sport d’alternatif et non pas extrême car l’expression est devenue connotée trop marketing et utilisée à toutes les sauces. Pour moi, extrême signifie dépasser ses limites, c’est quelque chose qu’on ne maîtrise pas« . Avant d’ajouter : « de plus, le base jump bénéficie d’une mauvaise pub car les médias se focalisent uniquement sur les accidents et les morts. Pendant ce temps-là, nous connaissons une petite révolution, la discipline devient plus sûre grâce à un matériel davantage fiable. La plupart des accidents sont dûs à des facteurs humains : mauvaise préparation, mauvaise utilisation du matériel, mauvaise approche de la montagne… » Avant de se jeter d’un pont ou d’une falaise, Géraldine a réalisé environ 300 sauts pour être prête le jour J.

Même son de cloche du côté de David Rinaldo, champion du monde de FMX : « pour réaliser des tricks aussi spectaculaires avec une telle hauteur nous nous entraînons d’arrache pied et nous sommes très encadré« .

Un risque bien calculé
Inévitablement, la pratique d’un tel sport peut entraîner des blessures et parfois même la mort. Cependant, le skate, le snowboard ou encore le wakeboard ne sont pas des sports dangereux en soi. Tout le danger réside dans la pratique que vous allez en faire. Au final, le côté « extrême » dépend si vous repoussez vos limites ou si vous êtes en quête de performance. Surfer en Vendée comporte moins de risques que dompter les vagues à Belharra. Toutefois, la potentialité de chutes en ski est plus grande qu’au tennis.

En gros, ce qui fait qu’un sport devient « extrême » c’est vous ! Ce que vous ferez de ce sport ; si vous le faite pour dépasser vos limites et prendre des risques ou pas. Un même sport peut être mortel ou pépére selon la pratique. Evidemment, on n’oblige personne à prendre des risques non calculés et à mettre votre vie en danger pour faire plaisir à qui que ce soit donc chacun sa vision du mot extrême et chacun sa définition du sport qu’il pratique, la priorité est avant tout de se faire plaisir.

CoralieL