Trial Street Walk 2



A la fin des années 80, la version street du BMX Californien commence à écumer l'espace urbain. Mais l'idée que le Vélo Trial européen puisse trouver sa place au sein de cette mouvance n'est alors pas d'actualité. Pourtant, deux français décident d'y croire, et c'est ainsi que Serge Froissart et Philippe Roman improvisent une session photo à Arles, pour laquelle quelques pages seront consacrées dans Bicross Magazine. Visionnaire, l'article s'intitule « Trial Street Walk ». Vingt deux ans plus tard, il reprend un coup de jeune.

2013. Serge n'a jamais décroché du vélo : il ne roule plus mais il coache, tandis que Philippe, photographe à l'époque, s'est reconverti. C'est à l'occasion de leurs retrouvailles, lors d'une soirée Old School BMX, que l'idée d'une réédition est lancée. Refaire du journalisme ? Pourquoi pas ? Bon, il faut d'abord régler quelques problèmes techniques (apprivoiser le numérique par exemple !), se remettre dans le bain, et puis c'est parti. Après tout, les deux ont une âme de riders : ils se jettent et ensuite ils avisent. Au professionnalisme et à l'instinct. Le 17 juin, ils se retrouvent à Arles. Serge vient avec le trialiste Rick  Koekoek, un de ses pilote Fastt N°3 mondial, qui prend le relais comme modèle. Philippe a troqué son vieux Nikon contre un récent numérique, je suis là pour l'assister et son ami Stefan Sabatier, photographe amateur venu pour s'exercer, est déclaré responsable des photos d'ambiance. Patrice Kharoubi, BMX ramprider old school qui n'a rien perdu de son exubérance, se charge de faire l'animation et la cohésion dans ce groupe multi-générationnel. L'équipe de choc est prête à partir sur les traces du reportage initial.

Lorsque le premier volet du «Trial Stret Walk » est publié, le street biking vient de traverser l'Atlantique. L'idée, c'est que les trialistes européens pourraient s'approprier la discipline, puisque la rue ne leur est pas étrangère. Depuis toujours, ils sautent bancs et marches de manière spontanée en se déplaçant à travers la ville. Étant donné que le skateboard, de par sa dimension street, a pu inspirer le street biking aux BMXers, alors le street biking devrait à son tour inspirer les trialistes. Le raisonnement est bon mais, à l'époque, trop avant-gardiste. 
Ce n'est qu'en 2009 qu'il se vérifie, quand l'écossais Danny Mc Askill développe la pratique du Street Trial sur le vieux continent. Le succès, bien sûr, est au rendez-vous.
Trois ans plus tard, et vingt deux ans après que Serge et Philippe aient assemblé le mot « Street » à celui de « Trial » pour la première fois, il faudrait presque changer l'intitulé de l'article, car il ne s'agit plus d'une simple « promenade » ! C'est aujourd'hui une  maîtrise de haut niveau, qui évolue selon ses propres codes et grâce à son propre matériel. On remarque par exemple que la selle, devenue gênante, s'est vue supprimée par les trialistes et baissée au maximum par les streeters BMX, bientôt imités par les Street Trialistes. La liste de ces évolutions est encore longue, mais nous laissons à d'autres le soin de la compléter, car pour notre part nous croyons que les images valent mieux qu'un long discours.
Alice Roman

Serge FROISSART: Pionnier de la discipline. Manager France Trial actuellement

Serge il y a 22 ans tu avais vu que le Trial avait sa place dans la mouvance Street, que la rue pouvait être un terrain de jeu idéal. Qu’elles étaient les difficultés à cette époque?
On était tellement peu qu’il n’y en avait pas beaucoup….on passait tellement pour des gens hors normes que l’on avait plutôt un bon accueil dans la rue. Les difficultés étaient surtout liées au fait que l’on avait des vélos « tuyaux de chauffage », très peu de freinage, du coup beaucoup moins de technique qu’aujourd’hui et moins d’engagement.

Depuis le Vtt Trial a continué sa marche en avant, avec plus ou moins de rapidité. On ne peut pas dire que 22 ans pour démocratiser une appellation soit super rapide! Pourquoi autant de temps?
Je pense que l’arrivée du numérique et du web y est pour beaucoup. L’information et les vidéos circulent beaucoup plus vite et de plus mondialement. Nous n’avions qu’un seul magazine national qui traitait du BMX, puis du Skate avec un peu de trial de temps en temps….

Le street, le VTT Trial, le naturel, les espaces, l’inter zone, le règlement… un monde simple et complexe à la fois. Finalement, le trial qu’on va appeler moderne c’est quoi réellement?
Pour moi c’est toujours l’art de franchir des obstacles à vélo,….après chacun peut se diriger vers telle ou telle mouvance en fonction de sa motivation, peu importe du moment en fait que tu t’épanouis dans ce que tu fais. Regarde mon cas perso, pilote je préférais nettement le milieu de la démo, du spectacle, du freestyle, et je n’aimais pas forcément la compétition et puis maintenant adulte je me sens bien dans ce milieu de l’initiation jusqu’au plus haut niveau.

Ne penses-tu pas que parfois le côté spectaculaire se rapproche un peu trop du côté dangereux en compétition? En Street certains prennent des risques, mais on peut dire que personne n’impose les obstacles?
Eternel débat….Le risque sera toujours présent que ce soit en street ou en course, on est sur un engin mécanique dans un milieu hostile…mais on peut quand même faire attention à ce que l’on fait, ne pas forcément faire de la surenchère à tout prix. J’ai tendance à dire souvent que les pilotes ne doivent pas être des « souris de laboratoire », à nous l’ensemble du système à en trouver la limite pour ne pas les casser !!!
 

Philippe ROMAN – Ex-manager du Blix team Haro et photographe Bicross magazine

Le Street Trial a fait un grand bon dernièrement avec la découverte par le grand public de Mac Askill. De ton côté depuis cette première rencontre avec Serge, est ce que les choses ont bougés dans le sens que tu l’avais imaginé à l’époque ?
Je n'avais pas une connaissance très pointue du trial, et je pouvais difficilement imaginer l'évolution du matériel. Mon approche était très conceptuelle, et je me souviens par exemple que la fourche déportée du vélo de Serge ne lui aurait jamais permis de réaliser un whip. Il était pourtant complètement dans mon état d'esprit de chercher dans cette voie. Beaucoup de tricks que faisaient les BMXers me paraissaient par contre très abordables pour Serge, sa pratique et ses extensions impressionnaient vraiment les précurseurs du street en France, comme Jean Somsois.  Serge et Jean se connaissaient bien pour avoir bossé ensemble sur pas mal de démos, et Jean était plus ouvert sur cette approche que les autres BMXers de l'époque.Je pense même qu'il a été un peu influencé dans sa pratique par celle de Serge, bien que sa référence absolue était le BMX. Il a par exemple pas mal testé l'utilisation du sabot pour les grinds jusqu'à ce que les pegs s'imposent définitivement.
Je lui avais proposé de baisser son braquet pour se rapprocher des possibilités du trial, et je constate que les streeters d'aujourd'hui ont bien baissé le leur, mais c'était trop demander à un streeter BMX de cette époque. Je crois tout simplement qu'il n'était pas possible de brûler les étapes.

Tu as vu roulé Rick Koekoek qui est un des meilleurs pilote mondiaux en 20 pouces qui est une des 2 catégories du Trial. Qu’est ce qui a le plus changé pour toi, le vélo? le style, la technique, l’approche, la vitesse…
Pour moi ce qui a le plus changé, c'est le vélo. Aujourd'hui, le niveau est beaucoup plus élevé, mais il me semble que l'essentiel de la pratique du vélo Trial actuelle existait déjà. Il manquait simplement de pratiquants et de l'émulation qui va avec.

Pour le photographe que tu es, c’est une révolution qui a envahi la photographie ces dernières années. Mais est-ce plus facile maintenant de faire des photos de Trial qui est un sport explosif qu’avant ?
Evidemment que c'est plus facile de faire des photos de Trial qu'auparavant ; grâce au niveau, aux évolutions des techniques et des approches, et aussi au look qui s'est considérablement amélioré. Il y a 20 ou 25 ans, pour un photographe imprégné de BMX et de Skate, les trialistes avaient un look vraiment ringard.


​Photos Stefan Sabatier

Rick KOEKOEK – N°3 Mondial au Ranking UCI 20”

Hello Rick, before riding in Arles with Serge and Philippe, could you imagine 22 years before Serge riding Street Trial?
Well, I can imagine how trials was 22 years ago.. because the idea of riding on your bike and having fun and finding new lines has never changed so thats still the same like 22 years ago. Ofcourse the biggest differents now days is with back then that the material we use is so much different and improved allot so we can do more and bigger and technical lines. Also it has become more professional, but in the end the spirit is still the same and that is what Serge and Phillipe have showed me that day onces again.

Past and present are different, but it’s always the same sport! Trial with a Bike, Ride with feeling and pleasure?Sure, just like I said Its still the same sport in the way of think how to find new lines and having fun on your bike. If its big or small, hard or easy it does’nt matter the way of thinking is still the same. Always trying to be creative that’s the whole thing and of course having fun!

You’re a competitor and now some sections looks like street, but what do you need for Trial become a popular sports?
Well thats a good question, many people are at this moment searching for the right answer and trying to make to sport more interesting for the general public.
And yes, the section start looking more and more like street section. The reason for this is to get closer to the general public. With now and the past competitions is a big difference. Back in the days the competitions were somewhere in a forest where nobody goes to look at a competition. Now they try to get close to the people so that is more easy to go and see a competition. I think we are in the right direction but there still need to be many more steps to get to the point where we should be!
The sport needs to become more easy to understand for the general public.