GAGNER SA VIE EN RIDANT : UN CHEMIN SEMÉ D’EMBUCHES



Il y a quelques temps, nous vous avions dévoilé la liste des riders pro les mieux payés. Il est vrai qu’en s’appellant Tony Hawk ou Shaun White, il n’est pas bien difficile de boucler les fins de mois. Hélas, c’est une autre histoire lorsque l’on se penche sur les salaires de riders pro peu médiatisés.

Des disciplines peu représentées
Le classement 2013 des 100 sportifs les mieux payés, réalisé par Forbes, confirme la tendance.  Les grands riders qui nous ont fait rêver toute notre enfance n’y figurent même pas, alors que l’on pourrait croire que leurs popularité et leurs produits dérivés garantissent de (très) bon revenus. En haut du classement, sans surprise, des footballeurs, des tennismans et des basketeurs, devancés par l’indétronable Tiger Wood. Les sports extrêmes sont très faiblement représentés, avec la présence de sports mécaniques uniquement (Nascar, moto GP et Formule 1)

Classement
C’est indéniable, popularité et argent sont irrémédiablement liés. Même si l’on observe ces dernières années une attention croissante envers les sports extrêmes, notamment grâce à quelques grandes marques telles que Red Bull, Monster, Vans, Quiksilver ou encore Gopro, ces sports trouvent rarement une place sur les chaines nationales aux heures de grande écoute. La seule émission 100% glisse sur une chaine gratuite est Riding Zone sur France Ô, qui en est déjà à sa 7ème année mais reste une exception dans le PAF.

Sponsors et Prize Money : la réalité
Victoire8.000.000$. C’est le prize money qui était en jeu lors de l’édition 2013 de la Coupe Davis.  Avec de telles sommes, on serait en droit de se demander pourquoi certains tennisman préfèrent faire des pubs pour Kinder Bueno plutôt que de s’entrainer… Dans les sports extrêmes, la différence est (légèrement) choquante. Pour le plus gros événement planétaire, les X Games, c’est un prize money de 50 000 $ que devront se partager les 10 premiers du classement. On peut donc facilement imaginer que les riders venant de passer pro ne doivent pas souvent inviter leurs banquiers à prendre l’apéro.
La solution repose donc sur le sponsoring. En théorie, c’est un échange de bons procédés, mais la réalité est bien différente. Comme le révèle un article du Monde paru début mai , certaines marques font miroiter des partenariats pour au final, ne donner aucun matériel, quelques tee-shirts tout au plus, voir même simplement proposer des réductions.
Les sportifs sont donc amenés a accepter des campagnes de pub et à vendre leur image à tout prix. Car un sponsor sera plus à même d’offrir des contreparties plus importantes si le rider leur offre une visibilité accrue.
Malgré les contests, les sponsors et les démos , c’est une réalité :  beaucoup de riders ne peuvent simplement pas vivre de leur sport, en France particulièrement. Même si beaucoup trouvent du boulot en restant dans le même univers (vendeur en shop par exemple) certains menent une véritable double vie. Guillaume Dasneves, illustre rider de BMX est par exemple peintre en batiment au quotidien.

Beaucoup d’appelés, peu d’élus
Il ne faut pas se leurer, beaucoup de jeunes rêvent de pouvoir vivre des sports extrêmes en tant que pro. Mais la route est longue et malgré un talent certain, nombreux sont ceux qui finissent par se tourner vers une autre perspective d’avenir, fatigués de se donner à fond pour peu de résultats.
Quelques-uns arrivent malgré tout à sortir du lot, et peuvent se consacrer au ride 24h/24.  Il y a par exemple deux français qui ont réussi à tirer leur épingle du jeu.
Taïg Khris est probablement celui qui aura le mieux réussi à se faire une place dans le paysage médiatique. Aujourd’hui autant connu par les riders que par la mère de famille, il a créé un véritable business autour de son image. Le rollerman assure maintenant des shows où il est accueilli comme une star et apparaît dans des caméras cachées pour l'émission "Freestyle Social Club" sur MCS Extrême.
L’exemple de Matthias Dandois est également à citer. Quadruple champion du monde en BMX flat, le français collectionne les sponsors (Red Bull, Orange, Vans…) et voyage à longueur d’année pour des contests ou des vidéos.
D’autres riders arrivent aujourd’hui à joindre les deux bouts, notamment grâce aux diverses primes offertes par de grandes marques lorsqu’ils atteignent les podiums et mettent leur produit en avant, comme Red Bull ou Monster.

Reste à espérer que d’autres français pourront dans les prochaines années avoir le choix de continuer de travailler ou non à côté de leur sport et que l’Hexagone prendra exemple sur les Etats-Unis, où il est plus facile d’être rider à temps plein tout en pouvant manger à sa faim. En attendant, les jeunes aspirants pro doivent rester conscients qu’une carrière, même reconnue, ne dure pas éternellement, et que le meilleur moyen d’assurer son avenir est d’achever ses études avant de vouloir à tout prix se lancer sur le circuit professionnel.

En bonus : une petite vidéo humoristique sur un ancien pro skateur ayant été oublié :

AS.